Le retour à Storybrooke avait été mouvementé pour Viktor. Les visions d’horreurs dont il avait été témoin à Fairyland lui glaçait encore le sang parfois la nuit. Le monde dans lequel il était né et avait grandi n’était plus ce qu’il avait connu. Les champs de son village avaient été rasés, les jolies fleurs gisaient sur le sol défraichi, mortes, comme si un raz de marée les avait terrassées, les oiseaux qui chantaient ne le faisaient plus comme si leur voix s’était éteinte. Tout avait changé et tout semblait mourir en tout point. L’essence de vie de son monde disparaissait et cela le rendait malade. Le jeune aventurier avait donc besoin d’un bon remontant ou plusieurs tient. Et qui était la personne qui saurait exactement ce qu’il lui faudrait ? La belle Calypso bien sûr. Sa nymphe des cocktails. Elle était parfaite pour cela.

Sans attendre, Viktor prit sa douche et se rasa. Après être resté enfermé chez lui pendant deux semaines sans ouvrir sa boutique, il devait être dans un piteux état et pas très présentable. Il ne pouvait pas se présenter devant Caly accoutré de cette manière. Il s’habilla rapidement et claqua la porte en sortant. Allez hop direction La Taverne ! Dans la rue, les citoyens qu’il rencontrait le dévisageaient du visage. Ils ne comprenaient pas ce qu’il avait fait pendant tout ce temps enfermé chez lui et pourquoi justement il avait fermé boutique aussi longtemps. En fait, depuis la disparition étrange de certains des habitants de Storybrooke, dont lui, ceux qui étaient restés les trouvaient drôlement bizarre. Pour la plupart, ils avaient changé de comportement. Malheureusement, ils ne savaient pas encore ce qu’il s’était passé pour eux, sinon ils comprendraient leurs attitudes…

Le jeune homme se contentait de regarder droit devant sans faire attention aux chuchotements et aux regards furtifs dans sa direction. Arrivé devant son lieu de prédilection, il poussa la porte et alla très rapidement s’assoir au comptoir. Comme il le pensait, Calypso n’avait pas l’air d’avoir flanché et avait assez rapidement repris le travail. Il l’avait croisé à Fairyland d’ailleurs puis Dimitri et ensemble ils avaient fait un bout de chemin, découvrant toujours un peu plus des choses qui les choqueraient. Etrangement, il était content d’avoir pu traverser cette épreuve avec eux deux mais en rentrant, il les avait laissé sans nouvelles de lui. Le Vaillant Petit Tailleur avait eu besoin de s’isoler…


Viktor n’était pas aussi enjoué que d’habitude. Il ne lui avait pas sorti de « Hey chérie ! » ou de « Fais-toi plaisir aujourd’hui ! » ou encore « Surprends moi ma douce ! ». Non rien de tout ça. Il n’était pas d’humeur festive mais la présence de sa barmaid préférée ne pouvait que lui faire du bien voire peut-être de le rendre de meilleure humeur ?

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Viktor ne fut même pas étonné lorsqu’il vit Calypso lui poser son verre devant lui au moment où il lui demandait quelque chose de fort à s’enflammer la gorge. Elle commençait à bien le connaître maintenant. Pour autant qu’il s’en rappelle, il avait toujours été là. Il était même son meilleure client d’ailleurs et il ne savait pas clairement quand elle avait été embauchée et quand La Taverne avait ouvert ses portes, rappelons que pendant la malédiction, chaque habitant de la ville était condamné à revivre à chaque fois le même type de journée donc personne ne savait réellement comment Storybrooke s’était formée. Ainsi, la complicité que les deux jeunes gens partageaient était telle qu’ils se connaissaient plutôt très bien. C’était assez rare pour une femme qui le cotoyait souvent de partager ce lien sans qu’il ait eu de relations avec elle. Calypso n’était même jamais passée dans le lit du jeune homme, non pas que cela lui déplairait bien au contraire car elle incarnait le genre de femme forte de caractère, sexy et indomptable que chaque homme rêverait de séduire. Cependant, il n’y était jamais arrivé. La barmaid savait que trop bien le type d’homme qu’était le tailleur avant la malédiction. Le lascar qui collectionnait les conquêtes dont la plupart qu’il rencontrait ici à La Taverne et donc sous les yeux de la jeune femme mais depuis qu’il avait retrouvé une partie de son caractère de Fairyland suite à la levée de la malédiction, Viktor était resté beaucoup plus light niveau rencontre féminine. En fait, finalement, il avait été tellement occupé ces derniers mois à démêler ses souvenirs, chercher sa petite sœur et sa disparition à Fairyland qu’il en avait laissé de côté sa vie sentimentale mais surtout charnelle…


Pourquoi tu mens Viktor ? N’omettrais-tu pas de parler des cauchemars qui t’envahissent certains soirs où tu vois ce qui arrives à Fairyland se transposer à Storybrooke voire même s’intensifier, tes proches qui meurent les uns après les autres comme si cela attaquait aussi bien la faune et la flore que le tissus humain puis te retrouver seul dans ce monde dévasté. Il réfléchissait beaucoup aux raisons de ce dérèglement et essayait de trouver une solution en faisant des recherches sur la magie. Mais aucune ne lui venait à l’esprit. Comment allaient-ils tous se sortir de ce bourbier ? Il était peut-être temps de faire un conseil de la ville pour échanger sur ce que chacun avait vu mais vers qui se tourner ? Bien avant cela, lorsque la malédiction les enfermant ici à Storybrooke dans une autre version d’eux-même avait été brisée, les habitants avaient commencé à se méfier les uns des autres en se soupçonnant chacun entre eux. L’aventurier désabusé prit le verre devant lui et le vida presque cul-sec en laissant apparaître une infime grimace. Il le reposa aussitôt devant Calypso lui faisant comprendre qu’elle pouvait lui en resservir un autre. C’était pas mal ça pour le secouer un peu et peut-être lui remettre les idées en place.


On dirait bien que cela commençait déjà à faire effet sur lui et ce n’était pas pour lui en déplaire. Non pas qu’il ne supportait pas l’alcool au contraire, mais une vive chaleur l’avait parcouru en ingurgitant le liquide et cela lui avait fait un peu de bien.


Lui lança-t-il accompagné d’un clin d’œil malicieux tout en reprenant le verre qu’elle lui tendait. Si cela ne tenait qu’à lui, Viktor l’aurait sûrement fait ou en tout cas c’est ce qu’aurait fait l’ancien Viktor. Elle l’aurait peut-être repoussé gentiment ou l’aurait laissé faire pensant que cela ne signifierait rien d’autre qu’un remerciement. Elle aurait eu raison ou tort, cela dépendrait du point de vue.

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